Le dialogue interreligieux en action

Jovita Triwiludjeng, rscj
Jovita Triwiludjeng, rscj

Le 6 mai 2016, l’Assemblée générale des Nations Unies a tenu une rencontre de Haut niveau sur les religions pour la Paix. Je n’ai pas assisté à cette rencontre, mais le site internet de la Mission du Saint-Siège auprès des Nations Unies m’a fait comprendre que j’avais raté quelque chose d’intéressant. L’intervention de Mgr Bernardito Auza, Observateur permanent du Saint Siège auprès des Nations Unies, au cours d’une Table-ronde intitulée Harmonie interreligieuse : promouvoir le dialogue interreligieux et la tolérance ainsi qu’une culture de la paix, m’a particulièrement frappée.

Dans son discours, l’Observateur permanent a développé six principes qui sont le fondement de l’harmonie interreligieuse et à de la culture de la paix. Ils sont fréquemment soulignés par le Pape François Je me contenterai de les signaler ici, mais j’encourage tous ceux que cela intéresse à lire le discours en entier en cliquant ici.

  1. « Rejet total et inconditionnel de la violence au nom de la religion »

  1. « Ne pas identifier la violence et le terrorisme avec une religion, une race, une nationalité ou une culture particulière »

  1. « Education au respect de la dignité inviolable de toute personne humaine et de ses droits inaliénables »

  1. « Poursuite incessante du dialogue interreligieux et interculturel, encore plus quand on vit au milieu de la persécution religieuse, de l’intolérance religieuse, des tensions interreligieuses et des conflits de société »

    A ce moment de son intervention Mgr Auza a cité les paroles du Pape François recevant les participants à un colloque avec le « Royal Institute of Interfaith Studies » d’Amman, en Jordanie:
« Le dialogue signifie sortir de soi-même, par la parole, et écouter la parole de l’autre. Les deux paroles se rencontrent, les deux pensées se rencontrent. C’est la première étape d’un chemin. Après cette rencontre de la parole, les cœurs se rencontrent et commence un dialogue d’amitié, qui finit par une poignée de main. Paroles, cœurs, mains. C’est simple ! Un enfant sait faire cela... »
  1. « Eradication des causes de la violence extrémiste », telles que l’aliénation sociale et l’exclusion, la pauvreté et le chômage chronique.

  1. « Une société harmonieuse n’est jamais le résultat d’un effort acquis une fois pour toutes, elle se construit à travers des milliers d’actions quotidiennes qui posent les fondements de sociétés justes et pacifiques »

Terminant son intervention par une allusion à la visite du Pape François le 25 septembre 2015 au Mémorial de Ground Zero à New York, Mgr Auza déclara :

« Maintenant plus que jamais auparavant, le Pape François nous lance le défi de transformer les lieux de haine et de conflit en lieux de guérison et de réconciliation, les lieux de mort et de destruction en lieux de vie nouvelle et de nouveaux commencements, aboutissant à une société où une culture de paix et de coexistence harmonieuse devient un mode de vie concret, la norme plutôt que l’exception. »

Nos sœurs de Bandung, en Indonésie, ont pratiqué ce dialogue interreligieux en célébrant la Semaine d’harmonie interreligieuse 2016 avec une créativité adaptée à toute sorte d’artisans de la paix. Vous trouverez ci-dessous leur rapport.

Cecile Meijer, rscj
Mai 2016

Prière interreligieuse pour la Paix

Dans la confusion actuelle où vit notre monde, que pouvons-nous faire ? Que peuvent faire ensemble des gens de diverses religions – ou sans religion ? Parler entraine souvent la destruction de l’harmonie. Alors, tentons autre chose. PRIONS! Nous désirons tous la paix. Pendant la Semaine Mondiale des Nations Unies pour l’Harmonie interreligieuse, nous, les Religieuses du Sacré Cœur de Jésus en Indonésie, nous avons décidé d’inviter des gens de toutes religions ou sans religion à venir prier ensemble pour la paix. La Faculté des Sciences religieuses de l’UNIN (Universitas Islam Negeri) a entendu parler de cette petite initiative et a demandé de la parrainer. Les jeunes du JAKATARUB, réseau interreligieux vieux de 15 ans, se sont offert pour l’animation et ont élargi notre cercle et notre horizon.

Au moins 750 personnes ont afflué toute la journée, de demi-heure en demi-heure à partir de 9 heures du matin. Un climat de prière régnait parmi les participants, même chez les nombreux ados qui étaient venus à pied. L’organisation des 30 minutes était simple : chaque personne prenait le nom d’un pays pour qui prier, et un papier sur lequel écrire ce qu’elle allait faire pour la paix, puis regardait une vidéo montrant des victimes de la guerre, tout en écoutant des chants pour la paix venus de sept religions. Suivaient quelques minutes de prière silencieuse. Enfin nos « ambassadeurs » pour la paix sortaient silencieusement, rendant le papier sur lequel ils avaient inscrit leur action pour la paix. Et chacun recevait une boite de snacks traditionnels.

L’agencement de ces prières était le reflet de la diversité indonésienne. Jeunes et vieux (des jeunes surtout,) hommes et femmes, clercs et laïcs, séminaristes et santris (personnes qui ont étudié ou étudient dans un Pesantren – (internat islamique) ; personnes avec des besoins spécifiques et surtout gens ordinaires ; étudiants universitaires d’Universités musulmanes et catholiques. Le personnel de l’Hôpital Borromeus s’est retrouvé prier avec des enfants spéciaux de l’école musulmane Nur Abadi. L’évêque catholique de Bandung est arrivé en même temps que des autorités de l’Université UIN, plusieurs messieurs hindous, et les novices des sœurs ursulines. Ce groupe distingué a prié avec la délégation d’un collège.

Que la paix règne sur terre et qu’elle commence dans nos propres cœurs.

RSCJ en Indonésie
Mars 2016