Le point sur l’autonomisation

Photo par RSCJ de l'Inde

« L’autonomisation des populations est le fondement du développement social »
Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies

Introduction
L’élimination de la pauvreté, l’inclusion sociale, le plein emploi et le travail décent pour tous sont des points clés sur l’agenda du développement international. Au Sommet mondial pour le développement social qui s’était tenu en mars 1995 à Copenhague (Danemark) les gouvernants du monde entier ont adopté une Déclaration et un Programme d’action, qui ont mis l’être humain au centre du développement. Cinq ans plus tard, en 2000, le Sommet du Millénaire a aussi adopté un modèle de développement centré sur la personne humaine, avec la Déclaration du Millénaire, qui a produit les Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD).

Les OMD sont la promesse solennelle de tous les pays du monde de réduire de manière significative, entre autres objectifs, l’extrême pauvreté, la faim, la mortalité infantile et maternelle, et quelques maladies répandues. De grands progrès ont été réalisés pour la mise en œuvre des OMD – par exemple plus de 600 millions de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté entre 1990 et 2008. Néanmoins, on prévoit qu’il y aura encore un milliard de personnes dans le monde souffrant de l’extrême pauvreté en 2015, en particulier en Afrique sub-saharienne et en Asie du sud. Les grandes inégalités dans le domaine politique, économique et social vont considérablement ralentir le développement social de diverses nations, à moins que l’autonomisation des  personnes ne soit prise au sérieux.

La Commission du développement social 2013
En février 2013, l’autonomisation a été le thème de la 51ème session de la Commission du développement social, l’une des commissions techniques du Conseil économique et social (ECOSOC). Dans son rapport à la Commission du développement social en 2013, le Secrétaire général Ban Ki-moon a décrit l’autonomisation comme « u
n facteur clef d’une croissance favorable aux pauvres, laquelle contribue à améliorer les secteurs de la santé, de l’éducation, et les possibilités d’un travail productif et décent pour tous ». (Rapport du Secrétaire général intitulé Promouvoir l’autonomisation dans les domaines de l’élimination de la pauvreté, de l’intégration sociale, du plein emploi et d’un travail décent pour tous, E/CN.5/2013/3, paragraphe 22).

Quant aux RSCJ et aux amis du Sacré Cœur, la variété de nos actions JPIC atteste notre engagement pour cette autonomisation des plus vulnérables et marginalisés. Mais de quoi parlent les Nations Unies quand elles utilisent ce mot? Le secrétaire général Ban Ki-moon déclare:

Le présent rapport propose de considérer l’autonomisation comme la participation effective des membres de la société, à titre individuel ou collectif, aux décisions concernant leur vie. Elle suppose aussi que les États prennent des mesures juridiques ou de protection sociale pour garantir l’autonomie et les droits des bénéficiaires ... L’autonomisation est avant tout un moyen de parvenir à d’autres fins. L’environnement doit être propice et permettre aux populations de participer réellement au processus de décision …

                                                                                                                                                                                                              Rapport du Secrétaire général, paragraphe 10

Le premier jour de cette session de la Commission du développement social, les ONG ont présenté aux gouvernants réunis une Déclaration de la Société Civile, qui donne la définition suivante de l’autonomisation: « L'autonomisation est l'expansion de la capacité, la volonté et la vision nécessaires pour les individus à devenir des agents efficaces du bien-être humain. » La déclaration poursuit : « l’autonomisation signifie la participation effective des individus et des groupes dans les décisions qui ont un impact sur les dimensions sociale, juridique, politique et économique de leur vie. Elle est intégralement liée à l'éradication de la pauvreté, au travail décent et à l'intégration sociale. »

Sont ensuite abordés les thèmes de la participation, des socles de protection sociale, de l’éradication de la pauvreté dans le monde post 2015, de l’éducation, des ressources pour le développement humain, et des alternatives aux PIB. En conclusion, elle affirme:

Dans une société socialement intégrée dont les valeurs fondamentales sont des droits humains, l'égalité et la durabilité; les personnes sont au centre, le bien commun est à l'honneur et les citoyens ont le pouvoir. Les citoyens contribuent à construire une société qui respecte la dignité et la valeur de tous. L’éradication de la pauvreté est sérieusement abordée, le travail décent est offert à tous les citoyens, le financement est mis à la disposition des services de base pour tous, en particulier les plus vulnérables.

Suivent enfin dix recommandations concrètes à l’adresse des gouvernements et la description de cinq projets illustrant des pratiques effectives d’autonomisation.

Le programme international de développement après 2015
Nous sommes tout près de l’an 2015, date butoir pour la mise en œuvre des OMD. Certains de ces objectifs seront probablement atteints au niveau mondial mais pas dans chacun et tous les pays du monde. D’autres objectifs n’aboutiront pas parce qu’ils n’étaient pas assez précis, ou par manque de volonté politique chez certains gouvernements.

Aujourd’hui, le monde discute de la suite à donner aux OMD – quels sont les nouveaux objectifs à poursuivre? Comment les articuler? Quelles cibles faudrait-il viser? A la différence de ce qui s’est passé pour la naissance des OMD en 2000, tous les peuples du monde sont maintenant invités à apporter leur contribution sur la nature et le contenu du programme de développement après 2015. Sommes-nous prêtes à participer à des consultations par internet et par d’autres moyens à partir de notre expérience sur le terrain? Je vous suggère deux moyens en particulier:

1)  Consulter le site The World We Want (Le monde que nous voulons) – inscrivez-vous pour des e-alertes – participez aux échanges. Plus il y aura de contributions venues de la base pour articuler le programme du développement après 2015, mieux ce sera.

2)  Allez sur My World: L’enquête mondiale des Nations Unies pour un monde meilleur et votez pour les six priorités que vous voudriez inscrire au programme de développement après 2015. Cette enquête très simple et conviviale vous donne l’occasion de faire entendre votre propre voix et qu’elle soit comptabilisée!

Les organisateurs de cette enquête, désirant recevoir des réponses du monde entier, ont rendu leur site accessible en 15 langues. N’est-ce pas une invitation à nous toutes de jeter nos filets vraiment au large? La voix de ceux qui vivent dans la pauvreté et aux marges de la société ne devrait-elle pas constituer un apport crucial de la base? Comment pouvons-nous leur donner le moyen de participer aussi à cette enquête mondiale?

Cecile Meijer, rscj
Avril 2013